Noémie me donne 2 spasfons et me conseille d'aller prendre une douche bien chaude pour essayer de me soulager. En effet le travail est lancé donc maintenant il va falloir gérer jusqu'à ce que Mme Péridurale vienne me libérer.


Il est 17h20 : je redescend dans ma chambre, superpapa est aussi désarçonné que pour l'accouchement du prem's : il me regarde avec ses yeux plein de compassion, me conseille de bien souffler. Il ne fait pas grand chose finalement, mais il est là, et rien que ça me fait du bien.

Même après une douche de 30minutes, la douleur devient rapidement dur à gérer. Noémie et Amanda décide alors de refaire un examen et un monito. Ca à l'air de s'accélérer.


18h10 : 3ème monito. Chaque contraction est vraiment douloureuse, toutes les 3 minutes. Le col n'a pas bougé ... 2 doigts larges. J'en revient pas, je suis sur le point de fondre en larme et de leur hurler "allez y, faite moi cette pute de césarienne puisque c'est comme ça que ça va finir!" Je le pense tellement fort que les sages femmes l'entendent. Ou le ressentent. J'ai le droit à un atarax, 2 autres spasfons, et du magnésium. Mais j'ai aussi droit à un précieux soutien de l'équipe, qui m'écoute, me détend, et tente de me remettre sur la bonne voie en me rassurant.

Je reprend mes esprits et essaie de gérer, de me concentrer, de souffler. Je n'ai plus que ça en tête.

Noémie et Amanda vont terminer leur service il est presque 20h et viennent alors me voir pour me souhaiter bon courage. Recraquage, je leur dit cette fois que j'aimerais qu'elle m'examine et que s'il n'y a toujours rien elle fasse quelque chose car je suis à bout. Le col est à 3 (j'ai limite l'impression qu'elle me dit ça pour me remotiver plus qu'autres choses), les contractions sont très rapprochées maintenant et vraiment douloureuses ++. Je sens ma pepette qui appuie très fort sur mon col ce qui me fait pousser sans que je puisse me retenir. Ca me rappelle un douloureux souvenir de mon premier accouchement.


L'équipe du soir débarque et c'est Julien qui va prendre le relai. Il me paraît de suite sympatique et me propose de m'examiner car les filles lui ont dit que ça aller bouger et lui aimerais en juger de lui même. Bon, bon ça fait beaucoup d'examen en peu de temps mais j'attends tellement une bonne nouvelle que j'accepte.


On a bien fait : col à 4 et complètement effacé, il me dit qu'il prévient l'anesthésiste de suite et qu'on passe en salle d'accouchement pour la pose de la péridurale.

Un élan de force et de courage arrive en moi. Ni une ni deux me voilà debout dans le couloir pour me rendre dans la salle. Celle qui doit accueillir mon bébé. Je vois de suite les tables d'examen juste à côté et je me vois déjà admirer ma petite pepette pousser ses 1er cris, faire sa marche ect...

L'anesthésiste arrive rapidement. C'est une interne mais je ne me souviens plus de son nom. Elle s'installe et on commence à m'installer à mon tour. Je m'assois au bord du lit et repense à la position à adopter. Et là c'est le drame ... les contractions s'enchaînent. Toutes les 10 secondes mdr. L'anesthésiste est prête à piquer elle me demande de tenir la position et de ne plus bouger mais cela m'est impossible. Aussitôt la contraction s'estompe, je les prévient, ils me demandent de baisser les épaules faire le dos rond ET PAF une autre arrive. Au bout de 10 minutes je perds patience, je m'énerve, je lance des insultes ... ça devient n'importe quoi. Julien essai de reprendre les choses en main, on change un peu de position, il me propose de mettre mes bras sur ses épaules mais très vite il me lance : "euh, ne m'arrachez pas la tête quand même hin!". Bin oui le pauvre ... il a été au top, a même essayer de nous faire rire et me disant qu'il était homme sage femme et non une putain de salope comme je le disait.

Il a fallu encore 10 longues minutes avant que l'anesthésiste arrive enfin à avoir le temps de piquer. Je sens que c'est bon et mon débit de parole redouble. Je demande si c'est bon? Sérieux c'est piquer? Dans combien de temps ça va mieux? Je peux bouger? Juste un peu? C'est quand que je me rallonge?

Il est 21h : Julien reste à mes côtés encore quelques temps pour tenter de me calmer. Il me rassure et me dis que ça à l'air d'avancer vite. Il me demande de me reconcentrer pour gérer la fin de ses contractions. Le temps me paraît d'une lenteur inhabituel, on m'a dit dans 20/30 minutes je serais soulagée mais chaque fois que je regarde la pendule, seulement 2minutes se sont écoulées...
Je commence enfin à sentir que les contractions sont plus courtes et redeviennent gérables, malgré tout, je reste concentré.

Il est maintenant 21h30, le cauchemar se termine. Superpapa a lui aussi besoin de me parler en non stop, il me caresse les cheveux machinalement. J'ai pas envie qu'on me touche mais ça j'apprécie. Je lui dit que vraiment j'ai cru qu'on y arriverai jamais et que même j'ai cru que je pourrais mourir ici. Lui aussi me confie qu'il s'est senti très mal et a cru qu'on y arriverai pas. Il pense que sans Julien les autres n'auraient pas réussi à me calmer (les autres ... mais qui? Y'avait du monde? Je me souviens même pas...).


On se détend tous les 2 et profite du calme avant la tempête.