Aujourd’hui, je suis à J-100 de te découvrir mon Ruben.
Comme je suis heureuse de voir le compteur à 2 chiffres s’afficher demain et à la fois anxieuse. Tu as beau être mon 2ème enfant et j’ai beau être déjà maman : je me demande si j’aurai les épaules pour t’aimer et t’accueillir dans les meilleures conditions…
Pour me raisonner, je me dis que tout ce questionnement est justement dû, au fait, que je t’aime déjà tellement.

D’autre part, une pensée pour les mamans de famille nombreuses comme Emma ou encore Mme la coccinelle Denise. Le jugement de valeur sur vos envies d’enfants et le regard bien pensant et acerbe, de l’autre, envers votre bonheur familial, je l’ai touché du doigt…
Je suis restée coite face à une réflexion. C’est Fio qui a mordu, voyant ma sidération.

Petit retour en arrière.
Nous avons été invités à un anniversaire. 1ère sortie en soirée depuis le mois de décembre, en amoureux. Nous sommes rentrés à la maison à 4h du mat’.
Crapaud a été très heureux de passer la nuit chez ses grands-parents. Pour ma part, j’ai beaucoup pleuré durant la soirée. En fait, dès que je parlais de lui.
Les hormones et le stress ne font pas bon ménage ! lol.
Nous avons retrouvé de vieilles connaissances, lors de cette fête.
Forcement discussion autour de Raphaël et de ma grossesse.
J’en viens à demander à la personne en face de moi si elle pense à un petit 3ème. Elle m’évoque une envie de grossesse qui la tiraille, plus qu’une envie de maternité. Pour ma part, je lui évoque mon désir, que cette grossesse ne soit pas la dernière. Le sentiment d’un moment béni volé par la maladie. Au final, je me vois même avec un petit 4ème, même si Fio est refroidi par le mal de crapaud.
Il faut savoir qu’avant le diagnostic de la tumeur de Raphaël, nous avions le projet d’avoir 3 enfants. La maison avait même été construite dans cette optique, avec 4 chambres.
De là, elle me dit que si je suis en accord avec Fio pourquoi pas. Pourtant, si malheur il y a, n’aurais-je pas le sentiment de vouloir remplacer Raphaël avec d’autres enfants ?
Complètement abasourdie, je lui ai répondu que Raphaël était irremplaçable dans nos cœurs et dans nos vies. Complètement sidérée, me voilà à me justifier sur mes envies, en expliquant que justement c’est un pied de nez à la vie et que vouloir d’autres enfants c’est tout simplement LA VIE.
Si je n’avais pas été tant sidérée, je pense que je lui aurais demandé si son envie de 3ème était dû au fait qu’elle ne trouve pas ces 2 enfants assez bien pour elle?
Fio, ayant entendu la conversation et voyant l’émotion dans mes propos est arrivé pour me stopper net cette conversation sans queue ni tête…
L’ultime et unique phrase de mon amoureux et super papa de mari a été : « Les autres, on les emmerde et ce qu’ils peuvent bien penser de nous, on s’en fout. C’est notre vie et nos choix et s’ils ne sont pas contents qu’ils dégagent ! » (En fait, cela fait 2 phrases, lol). Au moins, cela a eu l’effet de stopper net cette conversation des plus bizarres… Ndlr : oui, mon mari est un poète ! ;)

Je reste tout de même ahurie face à ses propos. Le regard malsain des autres sur nos choix de vie, de maternité. Ma grossesse de Ruben doit être aussi jugée. Alors qu’il est arrivé dans notre histoire, avant tout ce chamboulement. Mais aussi comment peut-on dire que je veuille remplacer mon enfant? Celui qui m’aura transformé en mère. La 1èr être qui m’a appelé maman et que j’ai aimé et que j’aimerai toujours d’un amour inconditionnel. Je reste pantoise. De plus, même si je suis très pessimiste lorsque j’évoque notre avenir, Raphaël est bien là. Il se bat.
Je conclurai donc par un proverbe Georgien : « On est philosophe dans la bataille d’autrui.