Aujourd’hui, j’entre dans mon 4ème mois de grossesse.
Un bilan pour cette entrée dans le second trimestre s’impose.
Un bilan qui se trouve être également, un bilan de vie.
Il y 14 semaines lorsque la graine s’est logée en moi, j’avais une vie « normale » et hyper-active.
J’avais une vie professionnelle débordante avec certaines responsabilités.
Familialement et amicalement, je savais sur qui nous pouvions compter.
Dans mon couple, l’élément moteur, voir le pilier était ma personne.
En tant que maman je prônais l’autonomie. J’étais exigeante envers mon fils, avec un œil toutefois bienveillant. Je voulais faire de lui quelqu’un, en lui donnant les armes nécessaires pour affronter cette vie. Il en était de même pour le second à venir.
J’étais sûre de moi, de notre devenir et de quel chemin emprunté.
Puis 10 jours après avoir eu ce bonheur familial, de savoir qu’une petite graine avait germé, l’impensable est arrivé. Mon crapaud est tombé dans le coma dans mes bras… J’ai vu mon enfant partir, quasi-mourir et ne pouvoir rien faire, être désarmée…
Cette soirée me hante…
Cette solitude face à cette situation. Personne pour m’épauler.
Toutes mes certitudes envolées avec ma belle assurance.
Avec cette idée, toujours omniprésente : 1/2h plus tard, je le couchais… Mon « bonne nuit » aurait alors été un adieu…
Puis cette fameuse nuit, le jour de mes 31 ans, mes enfants se sont battus, pour vivre.
Crapaud a survécu. Il se bat encore tous les jours.
La graine s’est accrochée. Elle grandit encore en moi, alors que mon corps a tenté de la congédier.

Professionnellement, j’ai pris un congé de présence parentale depuis le 20/02. Auparavant, j’étais en arrêt maladie.
Je reviendrai dans le monde du travail, qu’après mon congé maternité, si seulement mon crapaud a fini son protocole de traitement. J’ai fait une demande auprès de ma direction pour changer de lieu de travail. Pour ne plus travailler seule et pour être à temps partiel. Car, je ne veux plus porter sur mes uniques épaules tant de responsabilités. De plus, mes priorités ont changées. Ma famille avant tout, à présent.
Donc pour une période de 10 mois, je suis devenue une maman au foyer.
Cette décision professionnelle entraînera sûrement des conséquences matérielles. Du fait de mon passage à temps partiel, nous devrons certainement vendre notre maison. Mais qu’est ce que le matériel ?
Amicalement, nous savions sur qui comptait et aucune déception, voir de belles surprises.
Familialement, l’expression « on choisit ses amis et non pas sa famille », était pour certains déjà d’actualité et a été confirmé …
Dans mon couple, mon mari a pris la place que j’occupais auparavant. C’est lui ma bouée, mon pilier. Notre amour n’a fait que de se confirmer, s’amplifier. Il a su m’épauler et me sortir la tête de l’eau quand j’ai failli me noyer.
En tant que maman, je ne suis plus la même. Une relation fusionnelle s’est formée entre mon crapaud et moi. Je suis ultra-protectrice. Je ne vis plus que pour lui. Mes priorités ont changée et je prends le temps qu’il faut pour lui. Mon enfant a également changé
A présent, je sais que tout peut disparaître en moins de 10 minutes. Tu ne peux pas reprendre le temps déjà passé. Raphaël se bat chaque jour, mais le combat n’est pas forcement gagné. Chaque jour, qui passe, est un jour de plus qu’on nous a offert. Je sais qu’il ne baissera pas les bras, il se battra jusqu’au bout que la finalité soit positive ou négative. Je suis fière de mon fils et de sa combativité.
Des symptômes de grossesse sont apparus, pour me rappeler que la vie est en moi : nausées, vomissements, écœurements…
L’eau Hépar est devenue ma meilleure amie, depuis que j’ai bouché mes w-c (traumatisme de la femme enceinte constipée, lol).
Mes seins se préparent à l’allaitement. Moi qui me tâtais à allaiter, tellement déçue par l’échec avec crapaud, voilà qu’ils me lancent des messages subliminaux : « Non, Nathou ait confiance, tu n’auras pas besoins de bouts de seins… ». :)
Petites graine bouge et mon bidon s’arrondit.
Voilà 14 semaines de grossesse qui ont changé ma vie.
La photo de mes 2 battants, mes enfants, ma fierté.