Je viens écrire quelques mots pour vous donner de nos nouvelles...

Avant cela, je tiens à tous vous remercier pour vos commentaires, mails, mp sur Facebook, sms, appels... qui n'ont cessé de nous arriver depuis la terrible nouvelle. Ce soutien est précieux, ça fait du bien de se sentir entourés alors, du fond du cœur, merci à tous.

De notre côté, "ça va".... la nuit de jeudi à vendredi et la matinée de vendredi ont été terribles... nous avions les yeux bouffis à force de pleurer.... vendredi midi, quelque chose a du se passer en moi... un "mode sécurité" j'imagine... j'ai cessé de pleurer.... depuis ce moment, je ne me considère plus enceinte... ce que je marque là peut paraître dur mais c'est la réalité. Pour moi, le bébé n'est déjà plus là... Je pense que c'est une façon de me protéger... Depuis, ça va "mieux"... et Anthony va donc "mieux" également... Nous avons "accepté" la situation puisque, de toutes façons, nous n'avons pas d'autres choix...

Vendredi soir, nous avons eu RDV avec un médecin; il nous a expliqué ce qu'il allait se passer, tout ce qu'il allait se passer....

Ce vendredi, nous devrons retourner à l'hôpital pour voir une assistante sociale, l'anesthésiste (j'y arrive) et pour récupérer des médicaments que je devrai prendre ce WE. Ces médicaments vont servir à préparer mon corps pour la suite.

Je serai hospitalisée à partir de dimanche soir, Anthony restera avec moi. Lundi matin, l'accouchement sera déclenché... car accouchement il y aura.... je devrai être "présente", consciente et active... j'aurai une péridurale quand les contractions se feront trop douloureuses... je devrai pousser pour faire sortir un petit corps sans vie..... en effet, afin que le bébé ne souffre pas, des produits seront injectés via le cordon ombilical... d'abord de la morphine puis un anesthésiant et, enfin, un dernier produit pour arrêter son petit cœur... c'est une grande souffrance rien que d'y penser... j'appréhende tellement....

Un champs cachera le bas de mon corps, nous ne verrons rien... quand le bébé sera là, on nous demandera si on le veut le voir.... nous n'avons pas encore de réponse à cette question.... je ne veux pas regretter de ne pas l'avoir vu mais je ne veux pas regretter non plus de l'avoir vu, si petit, si fragile.... pourquoi tellement de souffrance? Pourquoi nous? Pourquoi?

Une fois ce moment passé, les médecins le prendront en charge, nous ne repartirons pas avec notre tout petit....

Un caryotype sera fait afin de savoir si cette malformation est génétique ou s'il s'agit d'un mauvais coup du sort....

Nous lui donnerons un prénom et il figurera dans le livret de famille... Je dis "le bébé", je n'arrive même pas à parler de "notre fille"......... et ce depuis la deuxième écho, alors que nous étions déjà quasiment sûrs que c'était une fille...

Plus on y pense et plus on se dit qu'il y a eu des signes, comme si nous savions que quelque chose n'allait pas, inconsciemment....: nous étions moins investis dans cette grossesse que dans celle de Rémi, depuis le début... j'étais moins attentive à ses signes de présence (qui ne doivent être, en réalité, que des mouvements nerveux...), nous n'avions pas encore réellement fait le choix du prénom (alors que pour Rémi, on l'avait choisi avant même ma grossesse), je n'ai quasiment pas fait de photo de mon ventre...... mais tout de même, nous avions envie d'y croire, d'où l'énorme choc lors de l'annonce jeudi dernier....

Depuis cette annonce, je redoute d'être seule... je ne veux pas avoir trop d'occasions d'y penser, de trop réfléchir.... c'est trop dur... j'ai d'ailleurs décidé d'aller travailler toute cette semaine, pour prendre l'air et, sûrement encore, me préserver...

Voilà où nous en sommes... Heureusement, notre bonhomme est là... d'ailleurs, je ne sais pas dans quel état nous serions s'il n'avait pas été là, il est notre force: nous voulons et devons être forts pour lui... et il nous le rend bien: il est fidèle à lui-même, plein de joie et de vie. Nous l'aimons si fort, certainement même encore davantage....

Nous lui avons expliqué la situation tout de suite, lorsqu'on l'a récupéré chez sa nounou. On lui a dit que nous étions tristes parce que le bébé est malade et qu'il doit partir... nous lui avons aussi dit que, bientôt, un nouveau bébé viendrait et qu'il sera en forme. Nous avons enfin insisté sur le fait que ce n'était pas de sa faute s'il nous voyait tristes. Depuis, je ne sais pas si c'est une coïncidence mais il ne parle plus du bébé...

Le plus dur est encore à venir... mais j'ai confiance en nous: nous nous remettrons....