"Profitez !" J'entends ça tout le temps. Et ce, depuis le début de ma grossesse. Il faut profiter avant que... En somme, profiter de l'instant présent, "carpe diem" etc...
C'est vrai.
Mais.
Qu'est-ce que ça veut dire finalement ?
Parce que moi, la grossesse, j'en ai profité c'est sûr. C'était super. Pas de maux, pas de bobos. Boostée aux hormones, une petite vie au creux de mon ventre, comment ne pas se réjouir ? Rêver, imaginer, se caresser le ventre...
Malgré tout, j'ai eu mes peurs, mes grandes angoisses même, et les désagréments de la fin... l'hyper-surveillance et les examens douloureux notamment. Il faut profiter de ça aussi ? Et pour les mamans malades, vomissantes et trainantes... il faut profiter ? Ca devient beaucoup plus compliqué je pense !
Alors, oui, on a le droit de se plaindre. La grossesse est une période magique... mais pas pour tout le monde, et pas forcément à chaque instant. C'est souvent positif quand quelqu'un vous dit de profiter. C'est un conseil bienveillant pour tenter de nous faire relativiser. Mais parfois, c'est un peu sous-entendu "ne te plains pas, tu es enceinte, tu as de la chance, tais-toi !". Nostalgie ou rancœur... je ne sais pas ce qui pousse ce genre de "tu devrais en profiter". Mais il ne faut pas oublier qu'il arrive que ce soit difficile.
Depuis que ma poupée est née, j'entends encore plus souvent "Profites-en ! Ca passe tellement vite !!". Et là encore, je ne peux qu'approuver. Le temps file à une vitesse vertigineuse.
Il y a quelques semaines, elle piounait un peu, et j'écrivais un article pour le blog (celui sur l'allaitement je crois). Je l'ai posée dans son transat, et le balançait du bout du pied, sans la regarder. J'ai alors eu un flash, un grand fond de culpabilité ... "Profite Marine !".
Et puis, j'ai pensé... "Oui, mais ça veut dire quoi ?". Dois-je l'avoir toujours collée à moi, dois-je la câliner sans cesse, la regarder sans cesse ? Je dirais bien oui. Surtout que j'adore ça.
Mais je n'ai pas fait un enfant pour moi.
Je la berce, la prends dans mes bras, la laisse faire la sieste sur mon ventre. Avant-hier matin, à 7h, après 5h de sommeil (je me suis couchée tard), je me suis levée car elle pleurait. L'ai emmenée dans la salle de bain. D'habitude, je la pose machinalement sur son matelas à langer. Mais là , elle s'est blottie contre moi, et je l'ai gardée un peu. Mon cerveau m'a soufflé "profite". C'était si bon. Puis, j'ai changé sa couche, et j'essaie en général de faire vite pour qu'elle ne réclame pas son biberon en pleurant (rapport à mon état de tête dans l'oignon). Je "profite" des autres changes de la journée pour babiller avec elle. Mais cette fois là , je lui ai dit bonjour et lui ai fait un grand sourire. Et elle me l'a rendu. Ô joie et cœur qui fond... Depuis, j'ai réalisé qu'elle répond (quasi) systématiquement à mes sourires ! Je peux vous dire que j'en profite !!!
Malgré tout, et même si je regarde déjà avec nostalgie les vidéos d'il y a un mois, je ne peux pas la regarder à chaque instant. La dévorer de bisous toute la journée.
Je savoure aussi les moments où je suis seule, quand je le peux, et je suis bienheureuse qu'elle arrête de chiouner quand j'ai besoin d'écrire un article par exemple, même si ça veut dire la balancer (pas la jeter hein ! la bercer plutôt ...) dans son transat sans lui jeter un regard (puisque mes yeux sont fixés à l'écran).
Et je pense que je n'ai pas à regretter de ne pas la regarder ou de ne pas l'avoir contre moi à tout moment. Cette petite poupée, ma petite chérie, va grandir. Que dis-je. Elle grandit déjà . Les séparations vont s'allonger, se multiplier. Nous devons apprendre à vivre chacun pour soi, aussi.
Je ne peux pas me la faire greffer contre mon cœur, et le temps de la fusion est révolu.
Alors oui, je profite. J'essaie. Et je garde en tête qu'au lieu de regarder des inepties à la télé (et quand bien même, parfois, ça me fait du bien), je ferais mieux de la regarder dormir ou de jouer avec elle.
Mais je réapprends à vivre également pour moi. Et j'ai parfois besoin d'être seule. Ou seule avec mon Flo. Il faut avoir conscience que le temps passe vite. C'est bien de consacrer du temps à nos enfants, pour ne pas se réveiller dans dix ans, quinze ans... quarante ans... et de se demander où est passé notre vie. Mais c'est aussi relativement inévitable.
On ne peut pas arrêter le temps. On peut profiter. Alors profitons sans modération... mais sans pression non plus, et sans culpabilité. Vous me comprenez ?
Message déposé le 24.03.2015 à 17:50 - Commentaires (2)
YES !!!!!
Commentaire déposé le 24.03.2015 à 17:58 par ophelie et baby 2 dans le bocal
Alors là je dis BRAVO ! Tu as mis les mots exacts sur mon ressenti! je me souviens quand on me disait pdt la grossesse "profite" je repondais "ouais et je fais quoi ou comment exactement? " lol
profitez c'est faire comme on en a envie si on le peut voila ! Et c'est aussi coller bébé dans son lit/transat/bras de papa pour glander dormir faire les courses le courrier le linge bref ce quon veut (oui oui des fois on est contente de faire son linge parce que c'est juste "autre chose")
Enfin bref super article, j'aurai pu écrire tout ca mot pour mot
Commentaire déposé le 24.03.2015 à 19:46 par poupette
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