Ma chérie, quand j'ai su que je t'attendais, alors même que je m'étais toujours dit que d'avoir un marmot au sein était assez contraignant, j'ai eu envie de t'allaiter. Comme un instinct...
Puis, mon esprit a cheminé, ton papa ne trouvait pas ça très pratique, moi, je n'avais pas envie de m'astreindre sans cesse aux tétées... mais toujours ce désir, au fond de moi ... Te donner le meilleur. Partager ces moments de tendresse avec toi. Te protéger.
Alors voilà , vers le 4ème mois, j'ai décrété que oui, je t'allaiterai au sein. En tout cas, je voulais essayer. Je ne voulais pas me mettre la pression. Je voulais que ce soit des moments sereins, beaux.
Je savais ce que je risquais. Je savais que ce serait peut-être difficile. Qu'on m'embêterait d'autant plus avec ton petit poids, et qu'il faudrait se battre. Je savais que ça pouvait être un peu douloureux, mais je m'étais bien renseignée... ça ne dure pas longtemps, et après, quand la machine est en route ... ce ne sont que des bons moments ! Il faut prendre la bonne position, donner le sein à la demande... etc... Tout ça, je l'avais bien lu. Je m'en étais imprégnée.
Et puis, tu es née.
Cinq minutes après ta sortie, tu ouvrais déjà ta magnifique petite bouche, tu tétais dans le vide. Tu réclamais le sein.
J'ai demandé si je pouvais te le donner. C'était important pour moi. Et ça compte beaucoup pour un allaitement réussi. Mais bon, Chantal devait me recoudre (un peu), et nous n'étions pas très bien installées. Nous avons donc attendu.
Je t'ai prise en peau à peau, nous étions bien. Tu étais calme. Adorable.
Et enfin, alors que tu ouvrais ta jolie bouche en coeur sans cesse, tu as pu profiter de ta première têtée.
Non.
Avant ça, la fameuse étudiante infirmière puer' (qu'on appellera Casse-Noisettes) s'est senti obligée de me faire subir une interrogation surprise. "Qu'est-ce que vous savez sur l'allaitement ?".
Heu... Pff... Et si tu me lâchais ? Je viens d'accoucher là !
Je réponds ce qui me vient... et là , Casse-Noisettes se lance dans un laïus aussi long que lourd. Je ne sais plus ce qu'elle m'a dit. Je savais déjà tout ça. Ma sage-femme m'avait fait un bon topo. Là , je veux juste ma fille. Je veux lui donner le sein. Elle veut téter.
Lâche nous.
Et puis, elle veut nous aider à nous installer. Je suis fatiguée. Je me laisse guider, car même si elle est méga-relou, elle a l'air de s'y connaître.
Je ne suis pas très bien. Mon sein (énorme) tombe sur le visage de ma louloute.
Elle, elle attend le buffet des desserts depuis de longues minutes. Moi, je n'en peux plus de patienter... je veux la voir se régaler. Je veux connaître ces sensations...
Et puis Casse-Noisettes, très invasive, appuie sur mon sein droit pour faire couler du colostrum. "Oh ben, j'appuie ça sort de suite dis-donc !". Fallait me demander ma vieille, des pertes de colostrum ça fait belle lurette que j'en ai !
Et ma fille, ma douce poupée, enfin, a le droit de prendre le sein. Mais, pour que, soi-disant, elle puisse bien respirer, je dois retenir légèrement mon (toujours énorme) sein vers haut.
Je ne suis pas très bien, mais je n'ai pas mal. Ma chérie boit son petit lolo tranquillement, sa petite bouche adorable ouverte bien en coeur autour de mon mamelon. Mon coeur à moi, bat bien fort. C'est si bon ...
Casse-Noisettes s'assure du bon déroulement de l'affaire. Elle me dit que c'est bien, que nous sommes bien positionnées, et me montre comment retirer mon mamelon de la bouche de la puce. Je n'y arrive pas très bien. Elle le fait sans me demander. Elle me gonfle.
Bref...
Malgré Casse-Noisettes, c'était un beau moment.
De si beaux moments auquel j'ai du renoncé trop vite...
La suite bientôt.
En attendant, une photo de la poupée qui date de mercredi dernier.