Et tu es né, mon Amour, mon petit garçon, mon petit Côme.

J'essaie de prendre quelques minutes dans ce quotidien bouleversé pour venir raconter ta naissance, ta si rapide venue au monde, cet accouchement pas banal mais si parfait.

C'est la nuit du vendredi 22 au samedi 23 juin. Le premier gala de ta grande soeur est passé, je mesure la chance de l'avoir vu dansé sur le sol de la salle de spectacle. Tu as été très réceptif au bruit de la musique et bouge énormément dans mon ventre.
Je me couche et aucun signe à l'horizon, à part les douleurs ligamentaires qui m'empecheront de dormir. A 4h45 je décide de retourner me coucher et d'arreter de marcher dans la maison pour faire passer ces douleurs.

A 5h, une grosse contraction m'assaille, je sens que le travail débute. S'en suit une autre à 5h15 puis 5h30 puis 5h45. A ce moment je décide de faire ma valise pour la maternité car je sens que le travail à commencé. A 6h, papa se réveille, je lui dit que c'est pour aujourd'hui, qu'il faudra partir tout à l'heure mais que nous avons le temps. Je lui fais part de mon angoisse de gérer les contractions car elles sont trop puissantes pour un début de travail, je me dis que ça va aller de pire en pire et je ne vois pas comment elles vont finir..

Je vais ensuite prendre ma douche, l'eau chaude qui coule sur le bas du dos me fait du bien mais je sens que tout s'accélere.
6h10, 6h15, 6h20. Le travail avance vite, elles se rapprochent. Je décide d'aller réveiller les enfants et dit à papa à plusieurs reprises d'appeler tata Valérie.

"Réveille toi mon chat, le bébé arrive bientôt, je dois partir à la maternité"..
Le réveil des enfants n'a pas été long, les yeux se sont ouverts d'un coup, suivi d'un sourire. Ils se sont préparés rapidement, dans le calme, sans se poser de questions. Ils étaient prêts.
6H25, une grosse contraction,je vais aux toilettes et constate que je perds des petits caillots de sang rouge vif. Je sens alors que quelque chose ne vas pas, qu'on ne vas pas arriver à la maternité à temps, que tout va très très vite.

Je dis alors à papa d'appeler les pompiers. Les minutes sont longues, très longues avant leur arrivée.
IL doit être 6h35 / 6h40 quand le camion se gare devant la maison. Je vois alors le papa d'un des meilleurs amis d'Eliott ainsi qu'un autre papa de l'école, un jeune d'une vingtaine d'année et une autre personne.
Il entrent dans la maison mais à ma vue, ils décident de me mettre dans le camion allongée.
Le temps de faire les transmissions à la régulation est intenable. Envrion 1O/15 minutes. Je sens que les contractions se rapprochent de plus en plus ; j'ai envie de les supplier de partir mais je sais qu'ils attendent les accords administratifs. En attendant, le papa de l'école, Christophe, infirmier de métier, me pose une voie centrale pour faciliter le travail des sages femmes (et heureusement!).

Nous partons enfin de la maison. Papa est déjà parti avec Eliott et Livia rejoindre tata Valérie au Poulfanc pour faire la transmission des petits colis. :)

Les contractions sont toutes les 4minutes et demi.
Arrivés sur la voie express, elles sont toutes les 2 minutes. Christophe me dit "n'accouchez pas dans le camion hein!!". Philippe, le papa et Côme (meilleur copain d'Eliott) roule à toute vitesse.
8 minutes plus tard, une énorme contraction m'assaille, je sens un filet couler. Je viens de perdre les eaux.
A cette annonce, je vois Christophe devenir tout blanc et paniquer un peu, rappelant la régulation pour leur dire de préparer une salle de naissance.
Une autre contraction,je perds énormement de liquide. Et là, cette sensation que le passage s'ouvre, d'avoir envie de pousser. C'est vraiment particulier. Je commence à paniquer car je sais qu'il nous reste encore 10 minutes de route.

On prends la sortie de la voie express, je n'en peux plus, je respire super mal, je suis haletante. Le camion roule tellement vite que le petit jeune de 20 ans me retiens dans le brancard. J'ai tellement envie de pousser.
On s'arrete alors sur le bas côté, Christophe me dit qu'on va y aller, que je vais accoucher ici. Je saurai quelques jours plus tard que l'on s'est arreter à une centaine de metres de chez ma sage femme et qu'elle a entendu le camion de pompier passé ;)

Je leur demande où on est : "avenue de verdun, ç 2 minutes de l'hopital".

Je leur dit de repartir. Je vais tenir, je sens que je peux tenir.

Ils roulent à une allure folle, grillant tous les feux rouges, on arrive aux urgences, on leur dit de courir, que les salles de naissance,c'est tout droit.
Je respire encore super mal, gémissant et disant que "ça pousse" et que j'ai soif. Ce que j'avais soif.

On arrive en salle de naissance. Gwen la sage femme et Mélanie, (une cliente à moi), l'auxiliaire de puér m'attendent. Ils me transfèrent sur le lit avec le drap des pompiers.
Christophe me dit alors "on est contents pour vous que vous soyez arrivés mais on est aussi contents pour nous!". Ils sont blêmes, blanc comme un linge.

Il est 7h15.


Je ne sens pas bébé bouger depuis le début du travail, ça m'inquiète. Gwen me pose le monitoring. Chabong Chabong Chabong. Bébé va bien. Je me calme instantanément et me cale sur son rythme cardiaque.

Gwen me dit alors qu'elle va m'examiner : "en fait ce n'est pas la peine, je vois ses cheveux à votre bébén on va s'installer".
Je demande le gaz hilarant.. mais c'est trop tard, ça ne sers à rien.

MIka arrive alors enfin, avec sa blouse transparente. Ouf, il est là. Il m'avait entendu dans le couloir mais ne pensait pas que c'était moi. il sent le café, et moi qui ai tellement soif.

Elles me disent de pousser, pour voir. C'est parfait. Je sens qu'il arrive.

Gwen me dit : "regarder moi. ça va etre douloureux, horrible, je le sais. Vous pouvez crier, hurler, jurer même si vous voulez. Faites tout ce qui vous semble bon pour vous. le reste on s'en fout. Vous savez le faire, votre corps sait le faire". J'ai été surprise de cette remarque mais tellement mise en confiance.

Je sers les dents, je pousse de façon anarchique mais efficace.
J'ai la gorge sèche, je réclame encore à boire (oui c'est terrible , je n'en pouvais plus). Mélanie pars m'en chercher un.
Je pousse, je sens que la tête sors. Elle me dis d'arrêter de pousser. La tete est sortie à moitié mais bébé à le poing sur la joue. (mimique qu'il garde encore d'ailleurs). Gwen tente de l'enlever mais sans succès.
Je repousse, la tête sors. Elle me dit de ne plus pousser du tout et de suffler profondément. Elle prends beaucoup de temps à sortir le corps pour protéger le périnée, un bras étant sorti en meme temps que la tête. Je souffle souffle souffle, Mélanie arrive avec le brumisateur, elle m'envooie de l'eau dans la bouche.
Et là je sens que le corps glisse d'un coup et sors de moi, on me le pose sur moi, chaud, doux. J'atteris à peine, mon bébé est né.

Il est 7h27, 10 minutes après mon arrivée à la maternité, je vis le 3ème moment magique de ma vie, la naissance de mon 3ème amour.

Quelques secondes plus tard, nous découvrons la surprise. C'est un petit garçon, c'est une évidence. C'est mon Côme. Il ne pouvais pas en être autrement.

Bienvenue à la vie mon Amour ..

Photo : juste avant que les pompiers n'arrivent, 1h avant ton arrivée, la dernière photo enceinte de Toi.